29/04/2009

LAURENT VAN DER STOCKT @ LA MEP 29/4/9

Membre de l’agence Gamma, LVdS couvre la plupart des grands conflits pour la presse internationale. Photographe d’une humanité en porte-à-faux avec elle-même, il ne se qualifie pourtant jamais de “photographe de guerre”. Les photos présentées à la MEP retraçent 3 conflits récents dont les victimes sont en grande majorité civiles. Elles montrent avant tout des êtres révélés par la guerre, une ultime tragédie et, implicitement, retrace l’évolution de l’auteur et de son travail et non la violence de la guerre en tant que telle. LVdS peint plutôt la vie quotidienne que les actions de guerre. Ainsi, on peut déjà esquisser des différences avec des photos plus figées comme celles d'Harun Farocki (cinéaste de guerre, sur lequel portera notre prochain café-photo).

“They give their all” : les forces américaines sont en Irak dès 2003. Les photos sont prises depuis le franchissement de la frontière koweitienne jusqu’aux conséquences de l’opération « Phanton Fury ». Ainsi, LVdS allie la rapidité de l’instant et la lenteur avec des photographies des conséquences de guerre. On peut dire ainsi que sa photographie est essentiellement biphasée.

“La résistance” : la Tchétchénie fut attaquée par l’armée russe (1994-1996 puis 99). En ce qui concerne ce conflit, LVdS dit « j’essaie de faire des photos justes ». Ceci questionne la notion de vérité en photographie, question discutable dans la mesure où la photo d’information est le recueil de traces prises sur le vif et qu'elles se modifient en changeant de contexte. Aujourd'hui les images se transforment, circulent et se diffusent de manière accrue sans que le filtre de la vérification puisse aisément opérer. Le problème de la déontologie du photojournalisme et de la diffusion des photos de guerre tient également au fait que le photographe est passif face aux scènes de guerre, l'appareil photo étant alors comme le 4e mur de la caméra, un espace infranchissable. A aucun moment le photographe n'intervient, contrairement à un Nachtwey pour qui le devoir de dénonciation n'empêche pas qu'il intervienne si ce qu'il voit lui semble insupportable. Au-delà du risque physique de l’engagement sur les terrains d’action, LvdS craint surtout celui de réaliser des témoignages qui falsifieraient la vérité, d’autoriser le contresens. Il reste donc "le petit garçon qui regarde, seul, de son point de vue surélevé, séparé et distant, la cime de son arbre, le monde comme il tourne", sans apparement tenter de s'opposer autrement que par l'image.

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