22/02/2010

LISETTE MODEL - LIENS UTILES


Les photographes et artistes évoqués:
- http://en.wikipedia.org/wiki/Garry_Winogrand

- http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Lhote
- http://fr.wikipedia.org/wiki/George_Hoyningen-Huene

- http://fr.wikipedia.org/wiki/Berenice_Abbott
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Kertesz

- Sur la street photography, Jean-Pierre Bucciol :
http://www.vide.memoire.free.fr/photo/textes/street/street.php

http://en.wikipedia.org/wiki/Street_photography
- Sur la straight photography (le retour):
http://www.photophiles.com/index.php/les-articles-archives/histoire/1120-straight-photography.html
- Idem : Bystander: A History of Street Photography, de Colin Westerbeck et Joel Meyerowitz

- Vidéo de Gary Winogrand sur la photo de rue :
http://2point8.whileseated.org/2007/03/23/garry-winogrand-with-bill-moyers/

- Sur le droit à l’image (loi Guigou en Fr) : http://www.photographie.com/?pubid=100473

- Un livre fort à propos : Lisette Model par Sam Stourdzé.
- Téléphoto is for cowards:
http://www.prime-junta.net/pont/Pontification/n_Telephoto_Is_For_Wimps/a_Telephoto_Is_For_Cowards.html

- Un lien d'un extrait du film de Jean Vigo sur Nice, contrepoint amusant:
http://www.youtube.com/watch?v=mAY5KNSoS2o&feature=related

- Pr aller plus loin, je vous recommande le colloque suivant : « L’héritage de Lisette Model et de la Street Photography » au Jeu de Paume le 13 mars à 14h30

LISETTE MODEL & LA STREET PHOTOGRAPHY


Lisette Model est venue tard à la photographie, par nécessité. Alors qu'un accident lui interdisait la pratique du chant, elle voulut travailler dans un laboratoire. Mais pour apprendre à développer des photos, il fallait en faire. Alors elle prit son appareil et photographia les riches promeneurs de la promenade des anglais à Nice.

Dès cette première série - qui deviendra une de ses plus célèbres - LM, inconsciemment, s'inscrit dans le courant de la street photography.

Pour comprendre ce mouvement, on ne peut se limiter à sa dénomination. La street photography désigne une photographie de personnes, d'hommes, de femmes, d'enfants, dans la rue ou dans les espaces publiques de la ville. Ainsi, une photo prise dans le métro ou même dans un appartement peut s'y apparenter. Car ce qui compte, ce n'est pas réellement de photographier une personne (on confond souvent la street photography et la photographie humaniste qui insiste davantage sur le côté humain de la scène représentée) mais de saisir un instant, de fixer dans le temps une scène du quotidien, un "moment décisif".

Ainsi, il s'agit d'insister sur un détail humoristique, adopter un regard ironique sur un petit fait de la vie urbaine mais aussi montrer le côté sinistre de la cité et pencher vers la critique sociale.

Dans les séries exposées au jeu de paume, on retrouve ces deux aspects. Parfois drôles ou cruelles, parfois caustiques et révoltantes, ses photographies glanées au hasard des rues de Paris à New York possèdent surtout une force incroyable qui réside dans une absence totale de peur ou de rejet vis à vis du sujet. Des photos brutes, sans retouches (si ce n'est toujours un léger recadrage), sans jugements, sans fard, simplement vraies.

L'oeuvre de Garry Winogrand, autre grand nom de ce courant, offre un parallèle à celle de LM. Si elle a passé la majeure partie de sa vie à photographier dans la rue, lui en a fait un principe. Dans ses photos, l'absence d'artifice, la neutralité de l'émotion, le rejet de tout formalisme, de toute esthétique à priori permettent au spectateur une liberté d'interprétation. En effet, dans son travail, G.W suivait la formule de LM : Il photographiait avec ses tripes.

LISETTE MODEL @ JDP 23/II/10


Il est intéressant de remarquer la filiation qui existe entre Lisette Model et certains de ses élèves. L'une de celles-ci fut Diane Arbus, photographe finalement presque plus connue que son mentor. Toutes deux peuvent être rapprochées par des choix esthétiques bien sur: les close-up, leurs photographies non sentimentales et sans retouches, montrant la vanité, l'insécurité et la solitude. Elles travaillent également sur les milieux sociaux en marge au moment où Model est invitée à enseigner à NY avec Berenice Abbott. Toutes deux firent partie du mouvement de photographes qui gravitaient autour du Harper's Bazaar (directeurs: Carmel Snow et Alexey Brodovitch), la photographie de mode, que Lisette Model a en partie renouvelée par son originalité.

Un autre sujet les lie et a porté à controverse pendant ce café-photo: l'ironie ou l'absence d'ironie de ces photos... comme de celles de D. Arbus.
Peut-on parler d'un humour de ces photographies, et notamment de celles de la promenade des Anglais, de celles prises dans les restaurants et les bars?
Il est évident que la street photography est souvent ironique ! Ceci tient de fait à cette distance par rapport au sujet qui existe toujours... Mais comment lire cette phrase de Model, qu'elle avait coutume de dire à ses élèves: "Photographier avec vos tripes". Doit-on comprendre "soyez expressifs" ou "dénoncez l'ironie voire l'absurdité de ce qui vous entoure"... Pour ma part je plaidais le oui (les photographies du luxe de l'opéra notamment ou des ventes aux enchères) mais mes adversaires se sont vaillamment défendus. Ils considèrent que ce qu'on a pu appeler de l'ironie est un contre-sens pour évoquer l'humanisme et la beauté que L.Model fait et voit transparaître partout. (Même dans le laid?) Baudelaire acquiescerait bien sur. Une chose ne trompe pas: la représentation d'une expressivité, d'une beauté dans la force et la vision "pure" de quelque chose, telle la photographie de la danseuse expressionniste Valeska Gert. Model avait cette volonté indéniable de révéler « l'intérieur des gens » comme elle le dit elle-même, le beau par le vrai. D'où cet effet de miroir de la société, comme dans le mouvement de la straight photography.
A postériori, je pense que tout dépend de la conception que l'on a du mot ironie... ou humour. Je dirais " le blâme par la louange" : exprimer par l'esthétisme (esthétis-ation) forte, ce qui nous déplait dans une société. Mais Model n'est plus là pour nous donner raison ou tort.