29/04/2009

FRANCOIS FONTAINE @ LA MEP 29/4/9


L’exposition présente deux séries très différentes mais toutes deux consacrées à la statuaire : “Les christs de Salvador de Bahia, Brésil” (2004) et “Rêves de statues, Paris” (2006-2007).

-Dans la première série, au cœur des églises et musées d’art sacré de Salvador de Bahia, la figure du Christ est incontournable. De ces corps mutilés se dégage une beauté tragique. Fontaine fait appel à une tradition d’Amérique du Sud : "le carnaval battait son plein à Salvador de Bahia. Je décidais de me réfugier dans les lieux saints, calmes et inspirants, que m’offrait la ville. C’est là, au cœur des églises et musées d’art sacré, que je réalisais combien la figure du Christ était prégnante et incontournable dans ce pays qui chaque jour me bouleversait davantage ». A Salvador, le sentiment religieux est exacerbé depuis l'imposition forcée de la colonisation occidentale d'une civilisation chrétienne. Les statues posent alors la question du dolorisme de ces objets religieux. Représentent-ils la souffrance et les mutilations des colonisés?

Les choix photographiques font montre d'une intense présence charnelle par le respect des lumières qui nimbent et évoquent celles du Siècle d’or espagnol et ou d’un Caravage italien. Si l'on se rappelle des réflexions de Diderot dans ses Salons, on peut ici étudier sa définition du sublime. Selon la tradition picturale avec laquelle Diderot renoue, le sublime est non seulement le tragique des personnages comme figures sur une scène de théâtre, mais aussi "ce qui imprime à l'âme le plus de terreur". Or, Fontaine écrit de ces Christs qu'ils sont "torturés ou saccagés mais solitaires et majestueux. Il se dégage de ces corps en souffrance une beauté tragique et une expression pathétique".

-Dans la seconde série, au contraire, Fontaine évoque le Paris nocturne et mystérieux, les statues se métamorphosent en d’étranges personnages bien vivants qui dansent sur les murs de la capitale. Transformées par les lumières et maquillées d’ombres, les statutes vibrent et créent une faune diabolique devenue nouvelle occupante de la ville. Cette étrange sarabande apporte une dimension surnaturelle qui fascine et saisit le spectateur dans ses rêveries. De fait, avec « Rêves de statues », la photo fait une étude nocturne : « les lumières les transforment, les lueurs les maquillent et les ombres leur autorisent toutes les libertés. Dans le Paris nocturne et mystérieux, les statues vibrent, s’effleurent, se touchent et se poursuivent avec frénésie. » Le fantastique de ces images de corps est renforcé par le flou et le grain. En réalité, ce thème du corps a toujours passionné FF, il a d’ailleurs travaillé pendant plusieurs années sur les « transgenres » à Madrid, communauté avec laquelle il se sentait en osmose. Il l’étudie souvent de nuit avec des lumières artificielles… afin, peut-être, d’en révéler toute la beauté. Certaines ambiances de nuit peuvent alors nous rappeler les photographies de Laure Vasconi...

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