26/03/2010

ERWITT - BORDAS: LIENS UTILES

ERWITT

Sur Erwitt:
    1. Site officiel d'Erwitt: http://www.elliotterwitt.com/lang/fr/index.html
    2. Wikipédia sur Elliot Erwitt en anglais : http://en.wikipedia.org/wiki/Elliott_Erwitt
    3. Portfolio de l'agence Magnum : http://www.magnumphotos.com/Archive/C.aspx?VP3=ViewBox_VPage&ALofALID=29YL53IRYAK&CT=Album&IT=ThumbAlbum01_VForm
    1. Interview relative à l'exposition à la MEP : http://www.france-info.com/chroniques-sortir-ecouter-voir-2010-02-04-elliott-erwitt-un-oeil-espiegle-retrospective-a-paris-400481-81-118.html
    2. Interview vidéo à propos d'Erwitt : http://www.youtube.com/watch?v=wh5p5Sx5qZg

    Sur Bordas:

    1. Philippe Bordas, L’invention de l’écriture, Fayard
    2. Reportage vidéo intéressant : http://www.tv5.org/TV5Site/webtv/video-7349-Exposition_L_Afrique_heroique_photographie_par_Phi.htm
    3. Le site de la bd Le photographe : http://lephotographe.dupuis.com/
    4. A propos du lien photo/texte :
    Arrouye Jean (dir.), La photographie au pied de la lettre, Presses universitaires de Provence.
    Grojnowski Daniel, Photographie et langage, Corti, 2002.
    Hamon Philippe, Imagerie, Corti, 2001.
    Louvel Liliane, Texte/Image, et Textes/images nouveaux problèmes, Presses universitaires de Rennes.
    Méaux, Danièle (dir.), Photographie et romanesque, Etudes romanesques n°10, Lettres Mod Minard.
    Ortel, Philippe, La littérature à l’ère de la photographie, enquête sur une révolution invisible, Chambon.
    Schaeffer Jean-Marie, L'image précaire (Paris, Le Seuil, 1987).
    Thélot Jérôme, Les inventions littéraires de la photographie, PUF, 2004.

    ELLIOT ERWITT - 18/III/10 @ LA MEP

    ERWITT

    Elliot Erwitt est né à Paris en 1928 de parents russes avant de partir vivre aux Etats-Unis, à New-York puis à Los Angeles. Homme cosmopolite et membre de l'agence Magnum, son travail de photographe qui court sur plus d'un demi-siècle est absolument inclassable, tant ses photos varient, aussi bien au niveau des thèmes, des sujets, de la composition ou des lieux.

    La rétrospective qui lui est consacrée à la MEP s'intéresse à son travail personnel, hors des photos réalisées pour des commandes commerciales. Ce Personal best (meilleur de moi-même) rassemble les coups de coeurs de l'artiste au sein de son oeuvre. C'est en effet Elliot Erwitt lui-même qui a choisi les clichés exposés.

    Si l'exposition consacrée à Philippe Bordas jouit d'une lumière et d'une scénographie exceptionnelle, ce n'est pas le cas pour celle d'Elliot Erwitt. L'éclairage, mal agencé, permet bien souvent au visiteur de contempler son reflet dans les cadres en verres recouvrant les photos. Dommage. On ne peut pas parler non plus de scénographie particulière, les tirages paraissent disposées au hasard, sans souci de sérialité ni de chronologie. Mais peu importe, ce best-of du travail d'amateur d'EE (au sens noble du mot "amateur" - aimer en latin -, comme il le dit lui-même, ce qui implique qu'il ne photographie que ce qu'il aime d'où cette certaine légèreté inhérente à son travail) recèle de clichés exceptionnels.

    Comme Lisette Model, le Personal best d'EE s'inscrit donc (pour la majeur partie) dans le courant de la street photography. Mais leurs sujets de prédilection diffèrent. Là où LM avait une attirance prononcée pour le laid, les gros, la difformité, l'a-normalité et montrait (même sans volonté de dénonciation) une réalité sociale difficile, EE préfère capturer les instants éphémères d'humour et de poésie qui surgissent dans les rues.

    En effet, si ses thèmes varient, on remarque néanmoins un certain humour persistant. Observateur vif et espiègle du quotidien, EE capture des moments de drôlerie discrète, presque poétique en jouant sur les perspectives, les niveaux de plans. Ainsi, sur une photographie prise à Barcelone, sur une photo de tramway, deux réalités s'affrontent ; Un couple souriant à l'objectif, assis à l'arrière du véhicule, surplombe sans le savoir un passager clandestin d'une dizaine d'années.

    EE est féru de ces petits jeux photographiques qui interrogent la notion de point de vue, autant celui du spectateur que celui du photographe. Il y a dans ses photos un soin particulier apporté à la composition afin de transformer le réel. Grâce à son sens aigu du décalage, les photos d'EE interpellent, provoquent un malaise ou un éclat de rire. On peut ainsi voir une femme qui semble avoir une tête de chien, une petite voiture supporter une statue de plusieurs mètres ou encore un enfant souriant derrière une vitre avec un impact de balle de revolver à la place de l'oeil.

    "Certaines personnes disent que mes photos sont tristes, d’autres les trouvent drôles. Drôlerie et tristesse, c’est un peu la même chose, non ?" Comme le suggère cette citation de EE, quelque soit la réaction du public face à son travail, une émotion est transmise.

    15/03/2010

    PHILIPPE BORDAS - 18/III/10 @ MEP

    AVEDON / BORDAS

    Philippe Bordas est un jeune photographe. Si l’on voit ici des photoreportages, il est également reconnu pour son travail de chroniqueur sportif et comme photographe de concert et d’artistes (Mc Solaar !) La série présentée ici regroupe une partie des travaux de son livre L’Afrique à poings nus, qui rassemble ses thèmes de prédilection : l’univers des boxeurs au Kenya et celui des lutteurs au Sénégal, son reportage sur Bruly Bouabré et d’autres photographies d’Afrique. Il a également écrit un livre : Forcenés.
    -> Photographies qui racontent une histoire ? Propre du photoreportage justement : il y a un message plus clair que dans la photo d’art. D’où le fait qu’il soit aussi écrivain ? Ligne narrative ds ses photos ? Poussé à l’extrême, cela donne Sophie Calle. Paradigme de Lessing qui oppose arts du temps et arts de l’espace. Jeu de bd/photo de Didier Lefèvre et Emmanuel Guibert. Scénographie magnifique : longs nuages sirupeux, grand nombre de photographies en noir et blanc dans la salle du bas. Idem pour la salle de Bouabré. Sombre et des photographies très colorées. Peut-être un peu trop dense par moments…

    Expo tripartite :


    - En 1993, il rencontre l’artiste écrivain Frédéric Bruly Bouabré dont il célèbre le parcours poétique dans L’invention de l’écriture (Fayard, 2010). Certaines ne sont pas belles mais disent qqch ? Importance de la « révolution mentale » d’hommes à part…Il y a une possibilité quand on est opprimé de se rebeller politiquement, par les armes. Il y a aussi une façon plus discrète, beaucoup plus violente, dans le cas d’un jeune africain qui fuit le travail forcé dans les années 1930, c’est d’absorber en autodidacte, en élève brillant, tout le savoir des blancs et de décider un jour sous le coup d’une révélation mystique comme cela arrive souvent en Afrique d’inventer une écriture authentique. Cf. Kateb Yacine, Nedjma : invente une langue pour dire le monde de l’Algérie décolonisée. -> Rapport à la culture particulier : « Il n’est pas question de sport. Il n’y a pas de vainqueur. Il n’y a pas de vaincu. Il n’est question que du rituel des hommes désignés à combattre. » -> Finalement l’alphabet c’est la mm chose que la photo : garder la preuve de ce qui a existé. D’autant plus que B.B est mort.

    - De 1994 à 1999, il pénètre le monde fermé des lutteurs du Sénégal et des boxeurs du Kenya (bidonville Mathare Valley, le plus gd du monde). Les destins croisés des boxeurs et des lutteurs constituent la trame du livre texte et photos L’Afrique à poings nus (Seuil, 2004. Prix Nadar), premier volet d’une trilogie éditoriale en cours. Loin des clichés éculés de la savane : « Sur ces no man’s lands anéantis par la mondialisation, torréfiés par le FMI, s’entassent les paysans pervertis au jeu néfaste des cours du thé et de l’arachide. Et ces paysans, par les protocoles violents de la boxe et de la lutte à poings nus, deviennent les champions. Ils deviennent les héros. C’est tout ce que j’ai vu. » Force expressive des visages, parfois portraits à la Avedon, facial, violent, brut !


    - Début 2001, à Bamako, Philippe Bordas découvre l’armée ressuscitée des chasseurs, venus de tout l’Ouest africain, qui ne s’étaient pas retrouvés depuis près de sept siècles. Il va suivre leurs pérégrinations pendant sept années. Ce sont les descendants de l’empire démocratique de Soundjata Keïta (1190-1255). Les chasseurs ignorent les frontières nées de la colonisation et vivent sur la presque totalité de l’Afrique de l’Ouest, sur les actuels Mali, Sénégal, Gambie Guinée, Guinée Bissau, Mauritanie et sur une partie de la Côte d’Ivoire. C’est le moment de rassemblement dans la nuit, de rassemblement de la mémoire ->Importance de la photo mémoire : revenir sur lieux où il a rencontré des gens, garder la trace, cf. Sophie Ristelhueber « Irak 2001 » ou « Monumenta » de Boltanski : extrait photo de « Personnes », une espèce de memento mori contemporain, une vanité monumentale, qui renvoie à l'inéluctabilité de la mort et à la fragilité de l'homme face à sa fin.. Professionnels de la trace…Souvenir !