15/03/2010

PHILIPPE BORDAS - 18/III/10 @ MEP

AVEDON / BORDAS

Philippe Bordas est un jeune photographe. Si l’on voit ici des photoreportages, il est également reconnu pour son travail de chroniqueur sportif et comme photographe de concert et d’artistes (Mc Solaar !) La série présentée ici regroupe une partie des travaux de son livre L’Afrique à poings nus, qui rassemble ses thèmes de prédilection : l’univers des boxeurs au Kenya et celui des lutteurs au Sénégal, son reportage sur Bruly Bouabré et d’autres photographies d’Afrique. Il a également écrit un livre : Forcenés.
-> Photographies qui racontent une histoire ? Propre du photoreportage justement : il y a un message plus clair que dans la photo d’art. D’où le fait qu’il soit aussi écrivain ? Ligne narrative ds ses photos ? Poussé à l’extrême, cela donne Sophie Calle. Paradigme de Lessing qui oppose arts du temps et arts de l’espace. Jeu de bd/photo de Didier Lefèvre et Emmanuel Guibert. Scénographie magnifique : longs nuages sirupeux, grand nombre de photographies en noir et blanc dans la salle du bas. Idem pour la salle de Bouabré. Sombre et des photographies très colorées. Peut-être un peu trop dense par moments…

Expo tripartite :


- En 1993, il rencontre l’artiste écrivain Frédéric Bruly Bouabré dont il célèbre le parcours poétique dans L’invention de l’écriture (Fayard, 2010). Certaines ne sont pas belles mais disent qqch ? Importance de la « révolution mentale » d’hommes à part…Il y a une possibilité quand on est opprimé de se rebeller politiquement, par les armes. Il y a aussi une façon plus discrète, beaucoup plus violente, dans le cas d’un jeune africain qui fuit le travail forcé dans les années 1930, c’est d’absorber en autodidacte, en élève brillant, tout le savoir des blancs et de décider un jour sous le coup d’une révélation mystique comme cela arrive souvent en Afrique d’inventer une écriture authentique. Cf. Kateb Yacine, Nedjma : invente une langue pour dire le monde de l’Algérie décolonisée. -> Rapport à la culture particulier : « Il n’est pas question de sport. Il n’y a pas de vainqueur. Il n’y a pas de vaincu. Il n’est question que du rituel des hommes désignés à combattre. » -> Finalement l’alphabet c’est la mm chose que la photo : garder la preuve de ce qui a existé. D’autant plus que B.B est mort.

- De 1994 à 1999, il pénètre le monde fermé des lutteurs du Sénégal et des boxeurs du Kenya (bidonville Mathare Valley, le plus gd du monde). Les destins croisés des boxeurs et des lutteurs constituent la trame du livre texte et photos L’Afrique à poings nus (Seuil, 2004. Prix Nadar), premier volet d’une trilogie éditoriale en cours. Loin des clichés éculés de la savane : « Sur ces no man’s lands anéantis par la mondialisation, torréfiés par le FMI, s’entassent les paysans pervertis au jeu néfaste des cours du thé et de l’arachide. Et ces paysans, par les protocoles violents de la boxe et de la lutte à poings nus, deviennent les champions. Ils deviennent les héros. C’est tout ce que j’ai vu. » Force expressive des visages, parfois portraits à la Avedon, facial, violent, brut !


- Début 2001, à Bamako, Philippe Bordas découvre l’armée ressuscitée des chasseurs, venus de tout l’Ouest africain, qui ne s’étaient pas retrouvés depuis près de sept siècles. Il va suivre leurs pérégrinations pendant sept années. Ce sont les descendants de l’empire démocratique de Soundjata Keïta (1190-1255). Les chasseurs ignorent les frontières nées de la colonisation et vivent sur la presque totalité de l’Afrique de l’Ouest, sur les actuels Mali, Sénégal, Gambie Guinée, Guinée Bissau, Mauritanie et sur une partie de la Côte d’Ivoire. C’est le moment de rassemblement dans la nuit, de rassemblement de la mémoire ->Importance de la photo mémoire : revenir sur lieux où il a rencontré des gens, garder la trace, cf. Sophie Ristelhueber « Irak 2001 » ou « Monumenta » de Boltanski : extrait photo de « Personnes », une espèce de memento mori contemporain, une vanité monumentale, qui renvoie à l'inéluctabilité de la mort et à la fragilité de l'homme face à sa fin.. Professionnels de la trace…Souvenir !

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