26/03/2010

ELLIOT ERWITT - 18/III/10 @ LA MEP

ERWITT

Elliot Erwitt est né à Paris en 1928 de parents russes avant de partir vivre aux Etats-Unis, à New-York puis à Los Angeles. Homme cosmopolite et membre de l'agence Magnum, son travail de photographe qui court sur plus d'un demi-siècle est absolument inclassable, tant ses photos varient, aussi bien au niveau des thèmes, des sujets, de la composition ou des lieux.

La rétrospective qui lui est consacrée à la MEP s'intéresse à son travail personnel, hors des photos réalisées pour des commandes commerciales. Ce Personal best (meilleur de moi-même) rassemble les coups de coeurs de l'artiste au sein de son oeuvre. C'est en effet Elliot Erwitt lui-même qui a choisi les clichés exposés.

Si l'exposition consacrée à Philippe Bordas jouit d'une lumière et d'une scénographie exceptionnelle, ce n'est pas le cas pour celle d'Elliot Erwitt. L'éclairage, mal agencé, permet bien souvent au visiteur de contempler son reflet dans les cadres en verres recouvrant les photos. Dommage. On ne peut pas parler non plus de scénographie particulière, les tirages paraissent disposées au hasard, sans souci de sérialité ni de chronologie. Mais peu importe, ce best-of du travail d'amateur d'EE (au sens noble du mot "amateur" - aimer en latin -, comme il le dit lui-même, ce qui implique qu'il ne photographie que ce qu'il aime d'où cette certaine légèreté inhérente à son travail) recèle de clichés exceptionnels.

Comme Lisette Model, le Personal best d'EE s'inscrit donc (pour la majeur partie) dans le courant de la street photography. Mais leurs sujets de prédilection diffèrent. Là où LM avait une attirance prononcée pour le laid, les gros, la difformité, l'a-normalité et montrait (même sans volonté de dénonciation) une réalité sociale difficile, EE préfère capturer les instants éphémères d'humour et de poésie qui surgissent dans les rues.

En effet, si ses thèmes varient, on remarque néanmoins un certain humour persistant. Observateur vif et espiègle du quotidien, EE capture des moments de drôlerie discrète, presque poétique en jouant sur les perspectives, les niveaux de plans. Ainsi, sur une photographie prise à Barcelone, sur une photo de tramway, deux réalités s'affrontent ; Un couple souriant à l'objectif, assis à l'arrière du véhicule, surplombe sans le savoir un passager clandestin d'une dizaine d'années.

EE est féru de ces petits jeux photographiques qui interrogent la notion de point de vue, autant celui du spectateur que celui du photographe. Il y a dans ses photos un soin particulier apporté à la composition afin de transformer le réel. Grâce à son sens aigu du décalage, les photos d'EE interpellent, provoquent un malaise ou un éclat de rire. On peut ainsi voir une femme qui semble avoir une tête de chien, une petite voiture supporter une statue de plusieurs mètres ou encore un enfant souriant derrière une vitre avec un impact de balle de revolver à la place de l'oeil.

"Certaines personnes disent que mes photos sont tristes, d’autres les trouvent drôles. Drôlerie et tristesse, c’est un peu la même chose, non ?" Comme le suggère cette citation de EE, quelque soit la réaction du public face à son travail, une émotion est transmise.

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