22/02/2010

LISETTE MODEL & LA STREET PHOTOGRAPHY


Lisette Model est venue tard à la photographie, par nécessité. Alors qu'un accident lui interdisait la pratique du chant, elle voulut travailler dans un laboratoire. Mais pour apprendre à développer des photos, il fallait en faire. Alors elle prit son appareil et photographia les riches promeneurs de la promenade des anglais à Nice.

Dès cette première série - qui deviendra une de ses plus célèbres - LM, inconsciemment, s'inscrit dans le courant de la street photography.

Pour comprendre ce mouvement, on ne peut se limiter à sa dénomination. La street photography désigne une photographie de personnes, d'hommes, de femmes, d'enfants, dans la rue ou dans les espaces publiques de la ville. Ainsi, une photo prise dans le métro ou même dans un appartement peut s'y apparenter. Car ce qui compte, ce n'est pas réellement de photographier une personne (on confond souvent la street photography et la photographie humaniste qui insiste davantage sur le côté humain de la scène représentée) mais de saisir un instant, de fixer dans le temps une scène du quotidien, un "moment décisif".

Ainsi, il s'agit d'insister sur un détail humoristique, adopter un regard ironique sur un petit fait de la vie urbaine mais aussi montrer le côté sinistre de la cité et pencher vers la critique sociale.

Dans les séries exposées au jeu de paume, on retrouve ces deux aspects. Parfois drôles ou cruelles, parfois caustiques et révoltantes, ses photographies glanées au hasard des rues de Paris à New York possèdent surtout une force incroyable qui réside dans une absence totale de peur ou de rejet vis à vis du sujet. Des photos brutes, sans retouches (si ce n'est toujours un léger recadrage), sans jugements, sans fard, simplement vraies.

L'oeuvre de Garry Winogrand, autre grand nom de ce courant, offre un parallèle à celle de LM. Si elle a passé la majeure partie de sa vie à photographier dans la rue, lui en a fait un principe. Dans ses photos, l'absence d'artifice, la neutralité de l'émotion, le rejet de tout formalisme, de toute esthétique à priori permettent au spectateur une liberté d'interprétation. En effet, dans son travail, G.W suivait la formule de LM : Il photographiait avec ses tripes.

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