13/11/2009

" LA PALESTINE " - RANA BISHARA / NAN GOLDIN


On peut lire dans cette installation l'innocence enfantine. En effet, Hommage to Childhood met en scène l'enfant, le lit, les ballons, le jeu en nous plaçant dans une situation fort dérangeante. En réalité, lorsque l’on s’approche, on voit que ces dits ballons contiennent des photos d’enfants (tirées des archives de l'UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens), visages aujourd'hui effacés, de blessés ou de morts. Et lorsqu’on lève la tête, on s’aperçoit que ballons menacés par auréoles de fils barbelés. Comme nous, ils semblent pris entre la douceur des premières années (ou des premières impression) et la dure réalité (ou le dur réveil). On est pris pas le jeu et en même temps l'action de lancer les ballons en l'air suscite une certaine culpabilité, car que lançons-nous ainsi? Les enfants en l'air? Signe de la légèreté du sujet? Et l'explosion des ballons? Comment l'interpréter? Est-ce la mise à mort des réfugiés par le spectateur? L'explosion évoque la balle, nous plaçant dans la situation des guerriers et non des victimes. C'est donc avec une grande finesse que l'artiste, fort contemporaine par le simple choix de cette démarche, nous place dans une position de jeu ambigu vis à vis de l'oeuvre. Mona Khazindar avance que celle-ci est "un hommage à l’enfance non vécue, perdue". Toutefois, cette interprétation ne prend qu'insuffisamment en compte l'importance de l'installation et de la façon dont les spectateurs sont ici acteurs de l'oeuvre.

Cette installation évoque également peut-être celle de Nan Goldin à Arles, (présentée sur la photographie) Sisters, Saints and Sybils : le jeu du lit comme berceau natal et sa confrontation avec de violentes images défilant au-dessus de celui-ci en un triptyque semble utiliser le même procédé de confrontation de 2 univers antithétiques. Le propos, certes, n'est pas le même, mais il signifie de la même façon. C'est peut-être en cela que tient la modernité de Rana Bishara...

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