29/04/2009

GERARD UFERAS ET SES INFLUENCES

Dans « Un fantôme à l'opéra », le photographe a choisi d'habiter les coulisses des opéras européens de 1988 à 2001, il nous dévoile donc une série toute en finesse sur des lieux pourtant extra-ordinaires, sans jamais tomber dans le voyeurisme. En effet, la série intégralement en noir et blanc participe d'une sobriété esthétique. Elle montre souvent l'absorbement de danseurs, adultes et enfants, renforçant par là la naïveté et peut-être la beauté de l'image si l'on suit la thèse de Michael Fried. Celui-ci avait théorisé le concept d'absorbement en peinture comme une force d'expression de personnages pris par une activité, le peintre mettant ainsi en abîme notre propre regard de spectateur sur le tableau.

L'utilisation du grain et la manière de capter la lumière révèlent l'envie de GU de ne pas utiliser le flash pour éviter de dénaturer ce qu'il voit. Se glissant dans les coulisses des grands opéras, des défilés de mode ou du ballet de Paris, le photographe nous dévoile des paradis secrets. Spécialiste des huis clos de grands spectacles (c'est-à-dire de ces espaces interdits à notre regard, secrets et mystérieux), il se laisse envouter par ce monde de féerie sur lequel il porte un œil tendre et complice et dont il nous invite à partager la magie.

On peut remarquer une certaine filiation avec Kertész, modèle classique de la photographie.

Par ailleurs, avec « L'étoffe des rêves » en 1999, GU s'insère au cœur du monde du stylisme, milieu dont il choisit de montrer des acteurs sur une scène transformant les mannequins par le jeu de la fiction créée. Il photographie ce qui le touche, les petits incidents dans les coulisses de ce monde de paillettes. Ici on retrouve davantage de regards perdus, de visages fatigués au milieu des postures codifiés que de scintillant. A travers un regard encore une fois très sobre et élégant, GU illustre peut-être la vacuité de l'univers de la mode. Souvent cadrées au grand-angle (à savoir avec un objectif à courte focale dont l'effet est de permettre un cadrage large d'objets rapprochés dont on ne peut pas s'éloigner. On peut choisir aussi d'utiliser ces objectifs pour accentuer les perspectives). Ici il travaille au 28 mm, avec des éclairages artificiels, ses photos intègrent cette touche d'humour en forme de clin d'œil qui nous rappelle souvent Koudelka, un photographe que Gérard Uféras dit admirer beaucoup, ce que l'on peut voir ici.

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