D'un point de vue technique, la photographie d'HCB rend compte d'une grande précision, on sent que les images ont été captés au millimètre près, rien ne dépasse. A cette volonté de cadrer la prise dans une géométrie parfaite s'associe, en contrepoint, un vide émotionnel. HCB dit lui-même que «photographier : c’est retenir son souffle quand toutes nos facultés convergent pour capter la réalité fuyante ». Or, à observer ces photos, cette impression d'apnée se dessine, la réalité étant en un instant statufiée. Incarnant l'instant décisif, ses images mêlent émotion et regard acéré. Comme il l’a écrit, « la photographie est un couperet qui dans l'éternité saisit l'instant”. Mais en réalité, HCB ne s'arrête pas à cela. Les photographies ne sont pas statiques par le simple fait qu'une émotion en ressort et anime l'image. On peut ainsi admettre comme lui-même que «photographier : c’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur». De ce fait, on a pu évoquer un lien avec une forme d’existentialisme en tant que courant philosophique et littéraire qui postule que les individus créent le sens de leur vie et considère chaque personne comme un être unique, ce qui s'applique à ces clichés de la capitale.
Les photos rappellent d'ailleurs souvent la série «Paris» de Robert Frank. Leurs univers semblent proches et donnent à voir des images saisies sur le moment, des images captées plutôt que sujettes à réflexion -> l'objectif premier devient la spontanéité, la joie de vivre, l'intensité de l’instant prégnant, selon la théorie de Lojkine & du cardinal de Retz qui disait : "Il n'y a rien au monde qui n'ait un moment décisif". Ceci implique que la peinture comme la photographie doivent, pour être fortes, rendre sur le support choisi un moment décisif, souvent moins celui que l'on attend que celui qui le précède de quelques seconde: le moment prégnant tenant à cet entre-deux ténu. Finalement, à la fin de sa vie, HCB abandonnent d'ailleurs la photo graphie pour le dessin, peut-être du fait de l'influence de ce « père » qu'il aborde : "La peinture est mon obsession depuis le temps où ce père mythique, le frère de mon père, m'emmenait dans sons atelier. La, je vivais dans une atmosphère de peinture, je reniflais les toiles."
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